lundi 5 décembre 2011

Anton Tchekhov : "On raconte de moi ceci et cela. En un mot des sottises.Je suis simplement un homme. J´aime la nature et les lettres ; je hais la routine et le despotisme."

André Maurois :
Parler de soi est difficile. En dites-vous trop de bien ? Le lecteur sourit de votre complaisance. Vous montrez-vous sévère autocritique ? Chacun pense : "Fausse modestie." Dans ce livre où l´auteur et le sujet se confondent, il fallait accepter ces risques. J´ai essayé de le faire avec simplicité.
(...) Mon professeur de sixième, Kittel, homme solennel, sentimental, et lettré, fut le premier à me prédire que je deviendrais écrivain. A la fin de l´année scolaire, il me fit don d´un livre : l´Âme Russe, anthologie de conteurs qui contenait du Pouchkine, du Gogol, du Tolstoï et il écrivit sur la page de garde : "Afin que vous vous souveniez de moi le jour où vous tenterez de les imiter."
(...) Le plus grand évènement de ma vie fut, en classe de philosophie, la rencontre d´Alain qui se nommait alors Emile Chartier. Ce que fut ce matin d´octobre 1901 où, pour la première fois, je vis monter en chaire un homme jeune, vigoureux, mystérieux et joyeux qui écrivit au tableau, en grec : "Il faut aller à la vérité avec toute son âme", jour où pour moi tout au monde fut changé, j´ai tenté de le dire dans les Mémoires.
On verra plus loin comment Alain aiguilla mes lectures. Son influence fut aussi profonde sur ma pensée. Il m´apprit à douter, à vouloir et à me placer, pour juger, bien au-delà de l´opinion.
En juin 1902, j´obtins au Concours Général, le prix d´honneur de philosophie.
Le jour où Alain me le remit, il me garda auprès de lui sur l´estrade et me demanda ce que je comptais faire. je lui dis que je voulais écrire, que je souhaitais entrer à Normal (lettres), devenir professeur et tenter ma chance d´écrivain.
"Je ne crois pas", me dit-il, que vous ayez raison. Non, que vous ne soyez certain de réussir dans une telle carrière. (...)
Vous avez une redoutable facilité. Je crains que vous n´écriviez avant d´être mûr pour écrire.
Professeur, vous ne verrez guère le monde que, vous auriez le devoir de recréer.
(...) Ce n´est pas ainsi qu´ont commencé Balzac et Dickens. L´un fut clerc de notaire, imprimeur ; l´autre journaliste.
Est-ce que votre père n´est pas industriel ? J´aimerai mieux vous voir entrer dans son usine. Là vous observerez des hommes au travail.
(...) J´avais en son jugement pleinement confiance. Mon père souhaitait ardemment que je vinsse travailler avec lui. Je choisis ou plutôt acceptai l´usine, non sans tristesse...


J´ai trouvé ce livre dans une brocante, je continuerai bien à vous conter ce livre témoignage...




 Première page du livre.



12 commentaires:

  1. Les brocantes réservent parfois de bien jolies surprises ...
    Je te souhaite une belle journée
    Bisous
    Marie-Ange

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  2. Tu as bien fait de remarquer ce livre et de ne pas le laisser s'échapper. Maurois et Tchekhov à la fois, c'est une belle rencontre!

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  3. Chercher des livres dans les brocantes n'est pas toujours agréable,ils sont souvent poussiéreux ,ne sentent pas très bon mais on est très souvent récompensés.
    Et là je crois que l'as été!
    Je vais te donner une idée de billet pour ton autre blog un tableau de Maurois par Nicolas Miolliotti
    Bonne journée

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  4. Rien de mieux que les brocantes pour découvrir un livre qui nous charmera. C'est la seule chose que j'y cherche à présent.

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  5. Quelle fabuleuse découverte ! J'imagine ton émotion au moment de le saisir ;)
    séb h.

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  6. Très belles, ces phrases de Tchékhov, et pas facile d'être un homme comme ça...

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  7. Votre blog aussi est une jolie boutique où l'on trouve, chaque fois que l'on en franchit le seuil, de petites merveilles.
    Merci
    Belle soirée

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  8. Je ne sais pas chiner et ne saurais donc pas trouver "le" livre... Mais je comprends bien le plaisir que tu as dû avoir avec cette trouvaille.
    Comme Norma , j'aime beaucoup la phrase de Tchékhov.
    Bonne nuit Alba !

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  9. Le titre de la collection : "Portrait d'un ami qui s'appelait moi" serait un beau programme pour une série de billets de blog sur ce thème. Qu'en pensez-vous?

    Dans ce premier passage, Maurois parle d'ailleurs davantage d'Alain que de lui-même, manière de dire que nous sommes faits des rencontres importantes qui nous ont marqués.

    J'attends la suite avec impatience!

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  10. Bonjour chères amies blogueuses et à toi Seb,

    Merci.

    J´aurais aimé vous copier tout le livre afin de vous faire découvrir son portrait.
    Et aussi quelle belle écriture.
    Un plaisir de le lire.

    Un autre aussi, qui m´a enthousiasmé fut la correspondance d´Henry Miller avec Lawrence Durrell.
    Bonne semaine.

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  11. la récompense suprême après avoir remué toute la poussière du monde, je ne connaissais pas du tout ce titre et les souvenirs d'un auteur sont souvent émouvants Jolie trouvaille dont nous profitons

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  12. Une bien jolie trouvaille!
    Merci Alba du partage et très belle journée

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